Le Bhakti Yoga

 

Le Bhakti Yoga, la voie du coeur


Le Bhakti Yoga est considéré comme un complément indispensable des pratiques classiques du Hatha Yoga et du Raja Yoga, notamment avec la pratique des Bhajans, les chants dévotionnels. Bhakti yoga est la voie du cœur, de l’amour et de la dévotion. Bhakti vient de la racine - bhaj - qui signifie adorer, servir, aimer, être dévoué. L’adepte de cette discipline croit que l’Amour et Dieu ne font qu’un, qu’il est le substrat de la vie, le moteur de toutes nos actions, le but et le chemin. Cette voie n’est pas uniquement destinée à ceux qui croient en Dieu ou qui ont rencontré un guru, c’est aussi le chemin de ceux qui voient la nature et tous les êtres comme une manifestation de l’intelligence cosmique, qui s’émerveillent de la beauté derrière chaque chose, qui parent de bienveillance et de douceur chacun de leurs gestes.

Nous avons tous besoin d’aimer et d’être aimé, de faire vibrer notre cœur, nous nous sentons alors soutenus, épanouis, vivants, remplis d’énergie. Notre attrait pour le monde matériel, ses richesses, la jouissance , est une façon de diriger nos élans de cœur, nos émotions avec l’espoir que nous ne pourrons enfin combler un vide et aimer inconditionnellement.

Dans nos cultures, les religions semblent nous avoir trahis, la dévotion envers Dieu est devenue tabou, soupçonnée d’être infantile, voire infantilisante, presque inavouable ; alors nous vouons notre culte aux technologies et à la science, les centres commerciaux sont nos églises, les banques nos nouveaux temples, nos mantras et nos prières invoquent la croissance, la performance et la réussite. Nos rêves de possessions et de maîtrise sur la matière sont des tentatives de trouver le bonheur et la paix mais occultent notre plus grande richesse : notre capacité à donner, à aimer sans limites toutes les formes du vivant : plantes, animaux, hommes et femmes d’ici et d’ailleurs, de retrouver la joie pure, la félicité : Ananda.

En occident le Bakhta ressemble à un botaniste ivre de nature, à un poète, un musicien, un contemplatif qui cherche la beauté dans la voute céleste, les arbres en fleurs, la toile de l’araignée, un visage. Dans la tradition Hindoue le Bhakti Yogi est souvent un dévot, un adorateur, un fou de Dieu sous la forme d’une divinité (Shiva, Ganesh, Jésus, la Déesse Mère), ou d’un maitre spirituel. Croyant en l’omniprésence de Brahma, envouté par l’amour qu’il sent partout, il chante, prie, s’émerveille de la création, il ne se sent ni écrasé par cette puissance car il devine qu’elle est en lui, ni dépossédé car il devine que cette richesse est sa nature, ni réduit au néant car il se sait guidé, accueilli, aimé au-delà de tout. Sa foi dans l’amour universel est sans faille, il sait aussi que c’est une grâce de pouvoir le vivre et le ressentir

Ressentir un tel amour pour le Divin est, un appel profond du cœur, une nécessité de l’âme est une grâce. Il n’est ni efficace, ni performant, il ne dépend pas d’une technique ; totalement subjectif il donne à la vie une beauté et une intensité incomparables. Toutefois, avant d’atteindre ce niveau d’Amour suprême pour Dieu, ce sentiment d’amour est mêlé à des pensées égoïstes, nous avons de l’amour pour Dieu ou le Guru, mais nous attendons quelque chose de Lui. Nous sommes nombreux à nous tourner vers Dieu quand nous sommes déçus, désespérés, nous prions pour Lui demander de l’aide. Les moments de vie qui nous confrontent à un choc, une perte de sens sont aussi des périodes où le cœur s’ouvrent à l’invisible, où Dieu semble enfin devenir un ami, un allié, une force qui nous porte, la souffrance est une sorte de ferment alchimique qui nous permet de nous tourner vers une dimension subtile jusque-là inconnu. Puis progressivement ce lien qui se tisse transforme l’être en profondeur, nous regardons le monde à travers d’autres yeux, peu à peu nous cherchons plus à donner qu’à recevoir. Cette adoration loin de nous enchaîner nous libère et nous élève vers notre véritable nature.

Ceux qui ont rencontrés un maître réalisé, un Satguru sentent s’inscrire en eux ce chemin malgré les résistances, les doutes, les peurs, les découragements, ils témoignent de ce sentiment d’ivresse, de ce mouvement qui les pousse de manière irrésistible vers cet Amour irrationnel. Mais existe-t-il un amour raisonnable, rationnel? Il nous faut beaucoup d’humilité et d’audace pour oser ce mouvement non conventionnel, pour laisser un peu de place à l’intérieur,  pour aimer Dieu et sa création, faire le pari que l’Amour triomphe de tout.

 

Texte - AMMA

Extrait “le choix du coeur”, chapitre “Maître et disciple”


En présence d’un maître spirituel, pourquoi peut-on avoir l'impression que la souffrance remonte ?

Lorsque vous êtes en présence d'un maître, toute votre souffrance remonte. Elle demeurait enfouie en vous et maintenant, elle se manifeste, car le maître est comme le soleil, un soleil spirituel. En sa présence, il n’y a pas de nuit, la lumière du jour règne constamment. Quand le soleil du maître brille, il pénètre profondément dans votre mental. Dans cette lumière, vous voyez tout ce qui git en vous. Vous voyez l'enfer qui se cache en vous et, maintenant que vous l’avez vu, vous savez qu'il existe. Il a toujours existé, mais vous n'en saviez rien. Si vous ignorez jusqu'à l’existence de votre souffrance cachée, comment pouvez-vous vous en libérer ? II est important que vous sachiez que l'origine de la douleur se trouve en vous, qu'elle ne vient pas de l'extérieur. Jusqu'alors, vous pensiez qu'elle était provoquée par des facteurs extérieurs, par des relations brisées, par des désirs non satisfaits, par la mort de quelqu'un ou par la colère d'autrui, par les insultes et les injures. Mais sa source réelle est à l'intérieur de vous. Maintenant, dans la lumière, cela vous est clairement révélé. Vous comprenez que la souffrance existe en vous.

Mais rappelez-vous que le maître ne vous laissera pas seul. Il vous aidera en utilisant son énergie spirituelle infinie. II guérira vos blessures.

La souffrance ne provient donc pas de votre attachement à la forme extérieure du maître, elle est créée par votre mental et vos tendances négatives. Lorsque vous comprenez la nature de votre douleur, il vous faut coopérer avec le gourou. Il est le divin docteur, dont la puissance et l'énergie sont inépuisables.

Rappelez-vous que vous êtes un patient qui a besoin d'une importante opération. N'ayez crainte cependant, car vous pouvez avoir une confiance totale en ce chirurgien. Ayez en lui une foi entière. Vous êtes dans sa salle d'opération. Laissez-le faire, coopérez avec lui et ne luttez pas. Restez tranquille, ne bougez pas. Bien sûr, il n'opérera pas sans anesthésie. L'amour inconditionnel et la compassion qu’il exprime de tout son être agissent comme une anesthésie et vous préparent à l'opération.

Une fois que le maître a commencé à opérer, il ne vous laissera plus partir, car aucun médecin ne laisserait son malade partir au beau milieu d'une intervention. D'une façon ou d'une autre, il s'arrangera pour que vous restiez sur la table d'opération, car il serait dangereux de vous laisser partir à ce moment-là. Le gourou ne vous permettra pas de fuir. Son amour débordant et sa compassion atténueront beaucoup la douleur. Le maître étant uni à Dieu, vous baignerez donc dans I ‘amour et la compassion de Dieu.

Il n'est pas celui qui inflige la douleur ; il est celui qui la détruit. Son intention n'est pas de vous apporter un soulagement temporaire, mais définitif pour l'éternité.

Cependant, pour une raison mystérieuse, les gens souhaitent conserver leur souffrance. Bien que la béatitude suprême soit notre nature, nombreux sont ceux qui, dans leur état d'esprit actuel, semblent apprécier leur souffrance, comme si elle était devenue une partie naturelle de leur être. Lisant dans la main d'un client, un diseur de bonne aventure prédit un jour :

« Jusqu'à l’âge de cinquante ans, votre vie sera pleine de chagrins et de souffrances. La douleur et les tourments du mental ne vous laisseront pas de trêve. »

 - «Et après cinquante ans?» demanda le client. 

-« La cinquantaine passée, cela deviendra votre seconde nature », répondit froidement l'homme de l'art.

La nature humaine semble être presque devenue conforme à ce tableau. Les gens souffrent et s'identifient pour ainsi dire à leur douleur. Tant et si bien qu'ils n'en ont pas conscience et ne cherchent pas à en sortir.

 
 
 
 

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