Jnana Yoga

 

Le yoga de la connaissance, une voie à part entière


Le « Jnana Yoga » est une voie à part entière et un complément indispensable aux autres voies du yoga, Karma yoga ou Hatha- Yoga. Le Jnana Yoga est la voix de l‘union avec le Divin par la connaissance et la compréhension.
Il ne s’agit pas d’une connaissance qui utilise la fonction mentale, elle utilise la discrimination. C’est un processus de connaissance, qui s’appuie sur les textes et l’expérience personnelle mais qui n’a rien à voir avec l’accumulation de connaissances. La lecture de textes traditionnels ou de récits relatifs à la vie de sages et de saints, permet d’accéder à une interrogation par rapport à notre existence. Le Jnana Yoga  ne consiste pas à résoudre des problèmes avec des idées, des concepts logiques. La question que se pose le « Jnana Yogi » (Qui suis-je ?) trouvera sa réponse en lui, par la connaissance intuitive et lumineuse, émergeant des zones les plus profondes de l’être. Le « Jnana Yogi » sera conduit à la connaissance de la Réalité́, du Soi ou de la vraie nature de l’être par l’expérience directe de la Vérité́. 

Le Jnana Yoga est une voix des plus difficiles, car souvent, lorsque le mental est sollicité́, il y a confusion et identification. La connaissance est alors intellectuelle et non assimilée dans le corps. Pour le « Jnana Yogi », il s‘agira d’aller explorer et de distinguer : la réalité d’apparence (la « Maya »), la réalité́ empirique, et la réalité absolue 

 

Viveka et Vairagya
la discrimination et le non-attachement. 


Les deux qualités essentielles du Jnana Yogi sont : Viveka , la discrimination, Vairagya, le non-attachement. 

Viveka, la discrimination

C'est la capacité́ de différencier le réel du non-réel, le Soi du non-soi, ce qui est éternel de ce qui est mortel ou périssable.

Avec Viveka , l’adepte du Jnana yoga se tourne naturellement vers la philosophie du « Vedanta », qui sert parfaitement sa quête à travers les notions de « Brahman », l’absolu, et de « Maya », l’illusion du monde phénoménal.
L’introspection, Vichara, est recommandée pour développer la qualité́ de Viveka

Vairagya, le non-attachement

C'est le non-attachement, un état libre de tout désir hormis celui de découvrir le Soi. 

 

Ma Ananada Mayi

Après une vraie méditation, les plaisirs du monde deviennent ennuyeux, ils perdent tout attrait et saveur. Que signifie 'vairagya' ?
Quand chaque objet du monde allume pour ainsi dire le feu de la renonciation, au point de nous rejeter sur nous-même comme si nous avions reçu un choc, il y a alors un éveil tant intérieur qu'extérieur. 

 
 

Ramana Maharshi

Le grand sage Ramana Maharshi représente parfaitement cette voie du yoga. Né en 1879 dans le sud de l’Inde, il est dès l’adolescence attiré par Arunachala (montagne de Shiva à Tiruvannamalaï). Il passe trois années en état d’absorption profonde, immobile, le corps couvert d’insectes et oubliant de se nourrir. Puis il se retire dans le silence dans une grotte. Il vient ensuite habiter dans l’ashram construit par son frère. Sa vie est d’une extrême simplicité jusqu’à sa mort en 1950 où il décèdera d’un cancer.

Sa fameuse question « Qui suis-je?» est devenue très célèbre.
En d’autres termes le yogi médite sur : « Tout est Brahman » ou « Je suis Brahma », « Je suis cela ». 

Dans la vie d’un être humain, il arrive toujours un moment où on se pose cette question, où la quête de sens prend le pas sur d’autres interrogations. Chez le « Jnana Yogi » cette quête existentielle est constante car il cherche une réponse sans relâche. Penché sur le vrai sens de la vie et s’interrogeant sur ce qui est permanent dans ce monde soumis à des changements constants, il cherche à aller au-delàà des limites imposées par le corps, les organes sensoriels, le mental et la raison, les modes de vie, les comportements, les conditionnements du mental, les croyances et les désirs. 

La réponse à la question « Qui suis-je? »
ne se révèlera qu’à l’instant où disparaissent l’ego et son cortège d’identification. 

 

Extrait du livre de Dr N. Chandrasekaran
Les 4 premiers Yoga-sutras 


Le discernement

Viveka est habituellement traduit par le terme "discernement". Chacun devrait, dès le début de sa quête dans le Vedānta et le Yoga, essayer de développer sa capacité à discerner entre permanent et impermanent, pur et impur, bon et mauvais, heureux et souffrant, et d'autres dualités.


Mais ce discernement n'est :
• ni une compréhension mentale,
• ni une analyse intellectuelle.
• ni une expérience émotionnelle,
•ni une remémoration du passé. 

Il est beaucoup plus profond et subtil que le mental. Combien de fumeurs savent que fumer porte préjudice à leur santé ? Combien d'alcooliques ne font pas l'expérience que l’alcool nuit à leur santé ? Combien de toxicomanes comprennent que cette addiction est nocive pour leur vie ?

C’est la raison pour laquelle on ne devrait jamais ni se fier, ni dépendre totalement de la compréhension de notre propre mental, de l'analyse intellectuelle, de l'expérience émotionnelle, ou bien de la mémoire.
Viveka
transcende le mental et aide la personne à échapper au pouvoir du mental
Pour comprendre clairement viveka, nous devons réfléchir les concepts suivants.

Le monde entier et toutes les expériences que nous y faisons sont toujours une combinaison de deux aspects.
Tout est relatif, rien n'est absolu.

Voici des exemples pour illustrer cette combinaison:
Le feu rend possible la cuisson de la nourriture, mais le même feu peut être très ravageur. Dans les mains d'un chirurgien la lame d'un bistouri peut sauver des vies, mais une lame peut aussi être utilisée dans une action violente et blessante. Les exemples suivants aideront à comprendre que toutes nos expériences peuvent aussi comporter deux faces. Chacun aime dormir et en a besoin, mais le même sommeil dans une salle d'examen n'est pas une bonne expérience. 

Ainsi, le monde entier et toutes nos expériences dans ce monde comportent des dualités. Ces dualités ne sont pas des contraires. Elles sont comme les deux faces d'une même pièce et l'on est inévitablement confronté à ces deux faces.

Une personne qui développe viveka sera capable de voir simultanément les deux aspects. Avec viveka, la personne est consciente des deux aspects en même temps et ne réagira pas de manière excessivement jubilatoire à propos de ses réussites, ne se trouvera pas non plus excessivement découragée par des échecs. Une telle personne garde toujours l'équilibre et comprend de façon appropriée les résultats de toute activité et elle reste stable dans son évolution.

Cette personne est capable de créer un petit espace entre soi et le monde qui l'entoure. Elle est capable de voir parfaitement les deux faces de chaque expérience.

Une personne qui n'a pas développé viveka sera seulement capable de faire l'expérience de la face qui lui est présentée et demeurera captivée par elle. Elle va se sentir très bien à propos de ses succès et découragée et indigne après des échecs. 
Pareille à des montagnes russes, sa vie devient une alternance de hauts et de bas sans progression ni évolution réelle.
Cultiver le discernement - viveka est la première et la plus importante étape. Les trois autres conditions nécessaires vont sûrement suivre.

 

Conférence de Swamini Amritajyoti sur les Yamas et Niyamas

Introduction aux Yoga Sutra de Patanjali

Les kleshas, causes de souffrance


 

Brahmacharya


Traditionnellement, Brahmacharya était identifiée à l'abstinence sexuelle afin de conserver son énergie vitale
Cependant, une étude étymologique du terme sanskrit révèle une signification beaucoup plus vaste :

  • Brahman : l'expression ultime du divin, du Tout-Puissant

  • Charya : aller vers

Dans cette optique, la pratique de Brahmacharya serait de faire ce qui nous rapproche de notre essence divine ou, en termes de restrictions (Yamas), d'éviter les comportements qui nous éloignent de notre Moi supérieur en dissipant notre énergie vitale. Brahmacharya implique un choix dans les nourritures sensorielles que nous absorbons, et dans la qualité des émotions que cela nous procure. 

Il s'agit d'éviter les comportements compulsifs (nourriture, boisson, sexualité, jeux vidéo, jeux d’argent, travail) et de trouver une modération par rapport à la jouissance apportée par les cinq sens, afin de ne pas gaspiller son énergie. De plus, en  « affamant » les sens, une autre dimension peut apparaître. 

La première des choses et la seule en notre pouvoir est d’apporter la conscience sur nos comportements, voir et identifier  tous ces instants de recherche de plaisir pour fuir  l'inconfort et la frustration. Peut-être viendra ensuite  un désir de discipline et d’ascèse plus intense, en faisant des choix plus en accord avec notre essence divine. Il ne s’agit pas de fuir la joie, mais les comportements habituels qui n’apportent qu’un plaisir passager

L’ascèse peut facilement devenir une façon compulsive d'éviter de composer avec les défis de la vie.  Il est bien plus facile d'être centré, aimant, spirituel, etc. dans la solitude et sans stimulus externes que de garder sa conscience et son cœur ouverts dans le feu de l'action et des interactions avec les gens qui nous « déclenchent » et nous mettent en contact avec notre mal d'être et nos « zones erronées ».


Précédent
Précédent

Buddhi Namaskar : sur le tapis

Suivant
Suivant

Raja yoga