Le yoga de l’action - la Bhagavad Gita

Le yoga de l’action dans la Bhagavad Gita

Dharma et Svadharma. La réalisation du SOI

Le texte de la Bhagavad Gita se traduit par « le chant du Bienheureux » C’est un texte initiatique, un poème, une allégorie en 18 chapitres. Il représente un guide précieux pour guider le yogi dans la voie spirituelle car ilest comme les yoga-sutra de Patanjali un chemin d’évolution et de transformation pour qui est en recherche.

S’’accorder au Dharma, à l’ordre cosmique, et se relier au Soi pour réaliser son Svadharma, dans le monde représente l’orientation du yogi .

Ce texte parcourt les questions fondamentales du rôle que chacun peut exercer par ses actions, afin de parvenir à élargir et clarifier sa Conscience, tout comme le yoga nous invite à le faire jusqu’à la libération : Moksa.

Arjuna est guidé par son cocher Krishna qui se révèle être un représentant du divin sur terre. Une guerre entre deux clans royaux les Pandava dont Arjuna est le héros avec ses 5 frères et les Kaurava leurs cousins maléfiques cent fois plus nombreux, s’apprête à être livrée sur le champ de bataille et Arjuna submergé par la terreur de devoir tuer les siens, doute de devoir assumer ce combat.
Il s’agit bien à travers cette épopée de saisir la tonalité d’un combat qui de toute évidence est un combat intérieur entre le doute, la peur, l’honneur le déshonneur, la confiance en soi.

Consentir à se laisser guider, par la foi en une force cosmique, replace l’action de l’homme, son rôle sur terre bien au-delà de son simple libre arbitre.

Chaque chapitre de la BG comporte le mot yoga dans son titre, c’est là une mise en parallèle avec le développement du Livre de Patanjali qui traite de la force spirituelle à l’œuvre dans le yoga jusqu’à atteindre la libération.

Le Karma Yoga, parce qu’il correspond à une prise de conscience de la souffrance engendrée par la répétition d’un destin conduit tout yogi à se libérer (d’Avidhya l’ignorance, mère des 5 kleisha cause de souffrance YS II,3) tout comme de parvenir à maitriser les Guna qui sont les qualités fondamentales du psychisme, qui entravent le Soi.

Jnana yoga, la connaissance révélée par l’expérience conduit au discernement et dispose le yogi au détachement, au dévoilement des solutions : l’Ashtanga yoga aux 8 membres (cf deuxième chapitre le YS 29 et les suivant)s est un travail constant pour persévérer et placer le yoga, les Yama et Niyama, la méditation, le retrait des sens ,la concentration sur la lumière de Brahman, au cœur d’un processus de perfection dans l’action.

Le Kriya yoga : est encore une voie de transformation qui met en relief les solutions de dégagement de la souffrance grâce au yoga.cf YS II.1 « une méthode, un processus pour stabiliser le mental et sortir de l’illusion de croire que : « ce que je crois être est ce que je suis.»

Avec Tapas ; l’effort intense, l’ascèse. La pratique et le détachement.

Svadhyaya; la réflexion, l’analyse, de ses actions, avec l’étude des textes aussi bien qu’avec son guru ou l’aide de son professeur.

Ishvara Pranidhana ; l’abandon à la force spirituelle du yoga, celle qui gouverne l’ordre cosmique aussi bien en nous qu’à l’extérieur de nous, qui se nomme Bhakti Yoga.

Ces moyens d’action sont là explicites et concrets pour aider le yogi qui cherche à éliminer la souffrance, le doute, et la peur de s’engager dans l’action afin d’être pleinement lui-même.

La définition du yoga étant que chacun selon son mode de fonctionnement de ses aspirations de son cheminement pourra utiliser l’un des trois yogas karma, Jnana ou Bahkti, pour progresser dans la voie qui est la sienne.

Chacun doit passer par les trois groupes avec un point de départ différent pour chacun. L’essentiel est de vérifier que ces modes d’actions permettent au yogi d’atteindre ce qu’il pensait inateignable.

Arjuna est un guerrier qui refuse de combattre. Krishna le questionne

De quelle nature est ta frayeur, ton doute, ton refus de combattre ?

De nature égotiste tu penses être bon juge de toi-même. Or, tes sens sont impliqués dans ce que tu crois juste et ta conscience est agitée par une illusion sur la réalité.

Quels sont les moyens pour sortir du dilemme qui me paralyse ?

Une troisième voie est possible : Renonce aux fruits de ton action.

Détache-toi de l’agitation crée par tes sens, ton ambition, YS I.12, I.15

Libère ta conscience en maitrisant tes sens mais surtout en lâchant prise avec tes désirs qui

t’illusionnent sur ce que tu interprètes comme de la violence.

En te détachant des fruits de l’action tu entres dans une autre étape qui admet que la vie et la mort engagent un cycle qui ne dépend pas de toi mais d’une force supérieure.

Cette force spirituelle est en toi ton chemin spirituel est de t’y soumettre en considérant l’absolu principe qui est universel.
Le SOI, énergie de nature divine. L’Atman, Drashtar, Ishvara sont de même nature, ils sont principes supérieurs.

Il s’agit donc pour Arjuna de relier la pensée, les sentiments et l’action à la conscience intérieure en

vivant en elle et en faisant un instrument de cette conscience. Après s’être détaché de ce qui brouillait cette conscience, d’accepter de s’unir à Ishvara la conscience témoin lumineuse du Soi. La réalité pourra alors, lui apparaître sous un jour différent.

L’ascèse dont traite la BG est très explicitement désignée comme la maitrise des guna qui sont les qualités fondamentales de la matière et qui initient toutes nos actions.

Maitriser Tamas, pour bien agir car il nous faut reconnaitre en nous, les freins qui inhibent l’action, l’inertie, qui anime le doute, la peur, la paresse.

Rajas qui au contraire conduit l’agitation du mental, la confusion dans l’action et des sens, ainsi que ce qui freine l’action de la clarté véritable ; celle de Sattva qui représente l’équilibre. ( YS I 31,32)

les 3 Guna sont aussi à l’œuvre dans la souffrance, les causes de souffrances.
Apprendre à les reconnaitre en soi, c’est être capable de se distancer du jeu mental dans lequel les guna nous emportent répétitivement.

Le sage agit en se laissant absorber par un bien tout autre, sans penser ni au JE ni au Mien, il lâche sa douleur et se libère du jeu des actions (Cf YS I,16) pour considérer le domaine des objets vus et entendus à l’ensemble des qualités constitutives de la nature, tout autour de lui.

On retrouve ici la méthode du Kriya Yoga.
« Celui qui perçoit l’inaction au cœur de l’action, et l’action au cœur de l’inaction, ce sage agit dans l’esprit du yoga.
Le renoncement, traduction : annoncer en retour. »

Le yoga de l’action conduit à la libération. Ce yoga qui conduit à transcender tout dualisme, jusqu’à cette maitrise du souffle et des sens, ce détachement ultime s’obtient par la méditation et la concentration. Il faut que le yogi s’entraine à exercer son esprit tout entier sur un seul objet afin de diriger et purifier son esprit il connaitra alors la joie et la félicité. Cela s’obtient par une pratique persévérante et une discipline nourrit de sincérité et d’efforts.

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