Le Samkhya
Définition
Le nom Samkhya signifie « connaissance parfaite », il est un des six « points de vue » (darshana) de la philosophie indienne.
Ces six systèmes philosophiques sont regroupés par paires et celui qui est couplé avec le Samkhya est le Yoga.
Le Samkhya classe et analyse les éléments constitutifs du monde manifesté. Il énumère les principes à l’origine de la vie. Il postule que pour éliminer les souffrances métaphysiques, il est indispensable de connaître les causes primordiales responsables de tout ce qui existe. Mais cette philosophie ne recourt pas à un dieu créateur. Le Samkhya a pénétré de ses concepts et de son esprit des pans entiers de l’édifice philosophique et religieux de l’Inde
Le « pré-Samkhya », commence avec les hymnes védiques et dispersées dans les Upanishad et dans la grande épopée du Mahabharata, particulièrement dans la Bhagavad Gita et divers textes jusqu’aux alentours de l’ère chrétienne ». La tradition orale affirme que le premier traité à l’origine du Samkhya fut celui de Samkhya-sutra de Kapila ; ce traité est définitivement perdu ; son résumé, les Samkhya-karika d’Isvarakrsna, est le texte le plus ancien disponible.
La compréhension du monde selon Samkhya
Pour éliminer la souffrance métaphysique de l’homme, le Samkhya propose une compréhension du monde et de son évolution.
Dans un premier temps ils nous proposent de différencier dans le monde trois parties :
une manifestée dont nous avons conscience, vyakta
une non-manifestée, ce qui nous échappe, avyakta
une autre qui est la source de la connaissance des deux précédentes, jna ou principe de connaissance prajna
« Tout comme l'eau mélangée à de l'eau reste la même eau indifférenciée, de même Prakriti la matière latente et Purusha la conscience pure apparaissent toutes 2 identiques à celui qui possède la connaissance de l'absolu » AVADHUTA GITA
Les 2 principes primordiaux qui sont au centre du Samkhya sont Purusha & Prakrti
1.Purusha , la conscience latente
Il est indéfinissable inconnaissable inexprimable, éternel, non impliqué dans le monde empirique. mais on lui attribué 3 qualités fondamentales enfin de faciliter cette compréhension être ( Sat) conscience(Chit) béatitude (Ananda).Purusha constitue ce que les mystiques indiens nomment Turiya signifiant littéralement transcendance. Les Upanishads affirment que lorsqu'un être humain transcendent les trois états ordinaires de la conscience (veille, rêve, sommeil sans rêves) il parvient au 4e état ou Turya.
Purusha ne peut rien manifester parce qu'il ne possède aucune qualité liée à la matière, il est dépourvu du potentiel permettant de se manifester
2.Prakrti , la matière latente
Prakrti est matière primordiale, dans notre plan c’est Mère nature, Gaia, comme toute matière elle est transformable.
Le jeu où l'interaction de la conscience pure et de la matière latente constitué la cause fondamentale de la manifestation elle n'a aucune raison de commencer elle n'a pas non plus de finalité. Les Upanishads affirment que le seul objectif de la création consiste à permettre à Purusha, la conscience de faire l'expérience d'elle-même. Il existe une métaphore faisant référence au principe masculin et féminin représenter par les archétypes des divinités des dieux Shiva et shakti, néanmoins il est important de comprendre que ces métaphores ils sont plutôt erroné dans la mesure la dualité n'existe pas ni en Purusha ni en Prakriti.
En sanskrit Prakriti a aussi comme nom Shakti, énergie pure
Sattva guna principe de pureté, d’équilibre, de lumière, clarté, harmonie, vertu
Rajas guna principe de mutation, d’activité, de force de distraction d'impulsion d'agitation de dispersion
Tamas guna (principe d’inertie, de pesanteur, d'ignorance d'obscurité de rigidité le terme de l'eau d'obstruant.
Dans l'absolu il n'y a pas de guna bon ou mauvais. On pourrait même dire que l'univers matériel provient du principe de prakriti parce qu'il représente l'aspect de la création le plus compact, le plus dense, lourd.
Dans le corps tamas favorise le sommeil et le repos, dans l'esprit elle engendre l'illusion et la dépression.
L'univers est multidimensionnel et en réalité nous ne pouvons pas attribuer une signification figée à n'importe quel principe cela entraîne une perception fausse de la réalité, mais nous le faisons par ignorance.
Les trois attributs principaux de la manifestation sont responsables de la manifestation de toutes les formes présentes dans l'univers : de la pierre à la planète, de la cellule au trou noir. Rien n'existe indépendamment d’eux. Dès qu’elles entrent en action, ces trois forces latentes sont en permanence en compétition ; leurs interactions entraînent le jeu des transformations du monde manifesté.
3. Les 23 autres tattvas
La première vibration émise à l’origine de la création est un son, nada, symbolisé par le mantra OM à partir duquel se déploie la manifestation.
A partir de cette vibration initiale vont s’engendrer graduellement et selon la prédominance de tel ou tel guna, les tattva, éléments ou principes constitutifs de base du monde manifesté, et donc de l’être humain.
3. Buddhi ou Mahat
"Cela est"– l’intelligence cosmique, la conscience intuitive, la conscience par excellence, celle qui fait la synthèse avec lucidité et compassion. Mahat revêt des formes subtiles dans la tradition hindoue, il se manifeste par la Trinité Brahma Vishnou Shiva
4. Ahamkara
"notion de JE", l'égo, ou principe de conscience individuelle, qui donne la forme; ce qui fabrique le JE tout ce qui suit Ahamkara dans la création a le sentiment d'être séparé du cosmos. Ce Je n’a pas la même signification que l’égo utilisé dans le langage courant. Ahamkara apporte la souffrance parce que nous nous sentons séparés de l’esprit cosmique.
5. Manas
l’ensemble de notre psyché : les sentiments, les pensées, le mental, l’ensemble de notre conditionnemet, il permet. Il peut s’observer, il a une forme, il est considéré comme un objet. Il est nourri par les 5 sens qui lui permettre d’interpréter le monde extérieur. Manas fait le lien avec les onze fonctions sensorielles ou Indriya,
6 à 10. Jnanendriya
ou 5 fonctions de perception : vu (yeux), ouie (oreilles), olfaction (les narines),
goût (la langue), taction (la peau).
11 à 15. Karmendriya
et cinq organes d’action : les mains, les pieds, l’appareil vocal, organe excrétion, organes de reproduction
16 à 20 . Tanmantras
Les cinq qualités subtiles à l'état potentiel dans tout monde manifesté :
le son, le toucher, forme, saveur, l’odeur.
21 à 25. Bhutas
cinq "principes élémentaires : terre, eau, feu, air, éther.
La manifestation physique est la combinaison des 5 éléments dans des proportions variables ainsi que des tanmatras. Les sens de perceptions ainsi que les sens d’action permettent de percevoir cette manifestation physique.
Les vibrations se densifiant vont constituer le corps grossier, instrument de notre expérience. Ce corps est entre en relation avec l'extérieur par cinq organes de perception et par cinq organes d'action.
C’est ainsi que dans le corps humain :
Akasha
principe d’espace, l’éther pénètre tout.
Vayu
principe de mouvement, l’air est léger, mobile ; c’est le vecteur du prana (énergie cosmique) qui dès l’entrée dans le corps se subdivise en cinq sous-pranas élémentaires appelés prana vayu, courants vitaux qui se distribuent dans l’organisme et y assurent chacun une fonction (prana, apana, samana, udhana, vyana)
Tejas
principe de combustion, le feu a un rôle primordial, il se manifeste sous la forme de la chaleur corporelle, il donne la force physique, il est le catalyseur de la fonction digestive ;
Apa
principe de fluidité l’eau est présente dans les cellules, le sang, la lymphe, les urines, la salive.
Prthivi
principe de masse, la terre est présente dans le squelette, et tout ce qui est dur (ongles, dents)
La perception peut être rendue difficile parce que ce qui doit être perçu est trop loin, trop près, ou trop subtil, dissimulé, mêlés à d’autres objets. Lorsque le mental, manas, qui peut recevoir sans limite toute perception venant des sens, n’est pas entraîné au bon choix, la distinction se fait au niveau des fonctions sensorielles, par recherche automatique de l’agréable et rejet du désagréable. Nous voyons ce que nous souhaitons voir. La saisie par l’ego, ahamkara peut aussi être partielle et partiale. L’intelligence Buddhi, qui ferait une synthèse correcte est de plus en plus voilée. Cela tient au fait que nous percevons un élément, une émotion, parce qu’ils sont déjà en nous, à l’état actif ou potentiel .
Pour le Samkhya, l’absence de saisie d’un élément par la perception sensorielle ne prouve en rien l’inexistence de ce qui lui échappe . On peut remonter des causes aux effets qui les produisent ( référence inductive). C’est le cas, par exemple, en astronomie : l’existence de Neptune a été démontrée par inférence inductive (par des calculs basés sur l’observation d’anomalies de trajectoires d’autres planètes) avant d’être découverte. Par une démarche d’inférence inductive, le Samkhya prétend inférer l’existence des divers principes invisibles (Purusa, Prakrti) à partir de l’appréhension du monde visible (buddhi, ahamkara, et les autres principes), en remontant des effets (le monde visible ou manifesté) aux causes ( monde non-manifesté). Pour le Samkhya le monde visible ne serait qu’une modification de forme du monde invisible.
Durant son incarnation, un lien à double sens relie le corps subtil et le corps dense. Tout ce qui arrive au corps dense est une manifestation des dispositions du corps subtil et modifie les dispositions du corps subtil. Le corps subtil est investi des dispositions de buddhi . Notre existence perceptible, nos pensées, nos corps, cachent une réalité enfouie en nous : notre essence imperceptible. Notre existence est une peinture sur un support, ou une succession de supports.
Dominé par sattva, le monde céleste est riche de lumière, de joie, de conscience. Le règne végétal et animal sont dominés par tamas, soutenu par sattva et rajas. C’est rajas qui domine dans le monde humain. La prépondérance de rajas engendre un maximum de souffrance pour le genre humain, bien que soutenu par le pouvoir limitant de tamas et éclairant de sattva. « Le propre de l’homme est de créer, d’inventer, de favoriser l’évolution, mais surtout de se transformer vers la libération