La méditation

Le silence mental


Au début des Yoga sutras, Patanjali nous dit « le Yoga est l’arrêt des fluctuations du mental ». La méditation n‘est autre que le silence mental. Le yoga est alors confondu avec la méditation comme but et comme chemin.

Dhyana (la méditation) arrive en septième position, c’est-à-dire que ce stade n‘est accessible que lorsque les corps physique, émotionnel, énergétique ont été préparés par les étapes précédentes à recevoir cette qualité de silence.

Ces dernières décennies ce sont les effets positifs de la « méditation » sur la santé qui ont été mis en avant par le monde scientifique : neurologues, psychiatres, cardiologues, psychologues.


Une pratique régulière, même de 15 minutes, apporte rapidement des bénéfices sur les plans physique, émotionnel et mental :

  • Renforcement du métabolisme et du système immunitaire

  • Réduction des tensions physiques

  • Augmentation de l‘énergie vitale

  • Meilleure gestion le stress et les émotions

  • Prévention des « Burn-out »

  • Amélioration de la qualité du sommeil

  • Concentration accrue

  • Augmentation de la capacité d’analyse et de créativité

  • Harmonisation des relations.

Dans la mesure où le but recherché n’est pas le même, les techniques ont évolué. Tout comme nous nourrissons le corps physique avec des aliments, de l'eau, de l’air, une activité physique ou un sport afin de vivre en bonne santé, le mental a besoin d’une nourriture adéquate pour qu’il fonctionne de manière optimale. La méditation moderne est une approche pour renforcer le mental afin d’être moins influencé par les nombreuses sollicitations qui nous entourent et de fonctionner sans être perturbé par l’extérieur.


Dans le yoga, l’hygiène de vie et le travail des asanas transforment notre façon d’appréhender le corps, et permettent une purification des tissus, des organes. Le pranayama, de la même manière, modifie la façon dont nous utilisons notre énergie vitale et psychique.
La méditation yogique permet d'utiliser le mental afin de percevoir la réalité transcendantale de l’être : ces trois niveaux sont reliés et interagissent les uns sur les autres.

La méditation dans le sens où l’entendent les traditions spirituelles ne s’oriente pas vers le même but que les méditations modernes et dans ce sens les techniques peuvent diverger.

En dehors du système du yoga présenté́ par Patanjali, la méditation existe dans de nombreuses religions ou systèmes philosophiques : bouddhisme, christianisme, soufisme, zen. Tous ces systèmes s’entendent sur une chose : nous avons le pouvoir de maitriser les fluctuations du mental (citta vritti nirodha) de le ramener dans l’instant présent (qui est éternité) de créer le silence afin de contacter une nature qui transcende le corps. Une fois cette maîtrise mise à l’épreuve dans l’assise avec l’utilisation de la conscience témoin (recul par rapport aux émotions, sensations, images, pensées) naît progressivement la compréhension que tout est mouvement ( Anicha dans Vipassana ) ou illusoire (maya) ou mensonge ( Asat)


oṃ asato mā sad gamaya
tamaso mā jyotir gamaya
mṛtyor mā amṛtam gamaya
oṃ śāntiḥ śāntiḥ śāntiḥ

Délivre-moi de l'illusion et conduis-moi à la vérité
Délivre-moi des ténèbres et conduis-moi à la lumière
Délivre-moi de la mort et conduis-moi à l'immortalité.
Oṃ paix, paix, paix


 

Le yoga mental de Patanjali


(Bṛhadāranyaka Upanishad - I.iii.28)

La plupart des techniques sont plutôt des techniques de concentration (Dharana).
Avant d’atteindre le silence intérieur, il est nécessaire de nous exercer à nous focaliser sur un seul point. Dans les yogas sutra les trois derniers piliers de l’Ashtanga forme un bloc nommé yoga interne, yoga mental : dharana, dhyana, samadhi

  • Dharana correspond à un mouvement actif : focaliser son attention sur un seul objet

  • Dhyana est l’état qui survient lorsque celui qui pratique se confond avec l’objet qu’il contemple, cela mène à des états de conscience modifiée qui sont plus ou moins profond. Méditer, ou faire le vide, faire silence, créer de l’espace, être en contact avec l’infini, c’est développer un état au-delà̀ de ces trois aspects du mental. Elle nous permet d’ouvrir une porte vers une dimension inconnue de l’être.

  • Samadhi est cette étape où il n’y plus, ni pratiquant, ni objet, le monde apparaît comme UN, sans dualité, Sat-chid-ananda : pure conscience béatitude. Là aussi il existe plusieurs stades de Samadhi selon que l’établissement dans ce nouvel état perdure ou non.

Dans la tradition très vaste du yoga, la méditation est présente partout, selon les traditions l’objet de concentration est différente :
un mantra (Japa) les chakras(cf Yoga sutra) – la visualisation d’une divinité (tantra) la lumière – le son du souffle SO HAM.Le choix de l’objet de concentration est très important dans la mesure où il est dit que le pratiquant devient de même nature que l'objet sur lequel il médite on peut comprendre que méditer sur les phénomènes de la vie courante n'est pas un chemin choisi par les yogis.

 

Les formes de méditation


La méditation active

La méditation dans l'action de la vie quotidienne

Pendant que l'on marche, que l'on mange, que l’on parle, le but est le même , être pleinement dans l'instant présent. Cette pratique est facile car elle nous ramène à du connu, elle nous confronte moins aux divagations du mental. Mais c’est un acte difficile car pris dans le quotidien la pensée s’évade en quelques minutes et l’expérience se termine souvent sans même que le pratiquant ne s’en aperçoive, l’absence de conscience a repris le dessus.

On la retrouve beaucoup dans les textes des maîtres zen japonais : lorsque nous lavons une assiette, contentons-nous uniquement de laver l’assiette. Quand je mange, je mange ; quand je lis, je lis ; quand je cuisine je cuisine, cela signifie simplement que nous devons être présent et complètement conscient de ce que l’on est en train de faire.
C’est le même état de concentration que développent des artistes ou sportifs de haut niveau : danseur, peintre, musicien, leurs performances, leurs exigences sont telles qu’ils doivent être pleinement ici et maintenant. A notre échelle nous vivons ce même genre de process lorsque nous nous lançons dans un apprentissage, une action, que nous voulons faire parfaitement ou qui requièrent beaucoup de manipulations. Bien que ses formes de concentration soient fécondes et parfois à la source des principales acquisitions de civilisation, elles viennent juste effleurer la nature essentielle de l'objet à méditer ; elles ne sont pas assez intenses et continues pour devenir un instrument de libération spirituelle.

La marche consciente

C’est une méditation active, elle ponctue de longues heures de méditation assise dans la technique Vipassana. Elle existe aussi dans la technique de pleine conscience de Thich Nhat Hanh. Elle consiste à marcher de façon très lente, sans chercher à se balader ou à aller quelque part, le but étant de pouvoir être en mouvement avec le maximum de conscience. L’attention peut se placer sur les pieds, le souffle, un mantra, selon l’approche choisie

La pleine conscience de Thich Nhat Hanh

Thich Nhat Hanh est un moine bouddhiste vietnamien et un militant pour la paix.

Il a été un pionnier de la Pleine Conscience en Occident dans les années 1970, en développant de nouvelles façons d’appliquer la sagesse ancienne aux défis de la vie moderne. La Pleine Conscience nous met en contact véritable avec la vie, c’est-à-dire avec tout ce qui se passe dans le moment présent. Nous vivons ainsi pleinement notre vie quotidienne. La Pleine Conscience nous aide également à regarder et à écouter profondément.

La méditation « passive »

Elle consiste à s'asseoir dans une position confortable et à se conformer à des exercices de concentration sur un support particulier :
une partie du corps, sur le souffle, une image, une sensation. La véritable différence sera le choix du support.

Zazen (bouddhisme zen)

Assise sur les talons, face à un mur, les yeux mis clos, les mains en Dhyana mudra.
Attention sur la tension juste du corps et la respiration

Méditation transcendantale (ou MT)

C’est une marque déposée de relaxation et de développement personnel dérivée d'une pratique spirituelle indienne introduite en Occident en 1955 par Maharishi Mahesh Yogi.  La technique de la méditation transcendantale est très simple : l'individu doit s'asseoir, fermer les yeux et répéter un mantra (“Klim”, “Hum”, “Hrim”, ou “Om) mentalement

Vipassana

Vipassana, devenue populaire en Occident par l'intermédiaire de  S. N. Goenka.

Session de dix jours, pas de yoga, pas d’exercice autre que quelques marches, pas de lecture, silence, 2 repas par jour, environ 10 heures de méditation par jour. Concentration durant 3 jours sur le souffle à travers les narines et 7 jours concentrer sur les sensations du corps de la tête vers des pieds et des pieds vers la tête. Le monde occidental a accueilli cette méditation à bras ouvert puisqu’elle semble laïque mais elle s’appuie sur le bouddhisme comme chemin d’élévation au-delà de la souffrance.

Vipassanā permet la vision intuitive des trois caractéristiques de l'existence 

  • La souffrance (dukkha)

  • l'impersonnalité (anattā)

  • l'impermanence (anicca) de tous les phénomènes corporels et mentaux

ou skandha : la forme corporelle (rupa), la sensation (vedanā), la perception (saṃjñā), la formation mentale (Samskaras) et la conscience (vijñāna).

Tonglen 

Parmi la kyrielle de pratiques propres à la tradition tibétaine, citons la méditation de l’amour bienveillant intitulée « Tonglen ».
Cette méditation consiste à recevoir, à chaque inspiration, la souffrance d’une ou de plusieurs personnes et à renvoyer, sur l’expiration, amour et de bienveillance. Cette pratique de méditation ouvre le cœur et dissout l’illusion de la séparation entre les êtres.

IAM (Integrated Amrita Meditation Technique) créée par Amma

Issue de la tradition du yoga, une partie de la méditation comprend des asanas, une autre est consacrée à des exercices de respiration puis de concentration et de visualisation. Né du sankalpa d’Amma, elle est porteuse de l’énergie spirituelle de sa fondatrice.

Mindfulness ou MBSR

Méditation laïque (bien que basée sur les techniques de méditations bouddhistes) élaborée par un médecin américain, Jon Kabat-Zinn qui accompagne le pratiquant à la gestion du stress ou en prévention des rechutes dépressives. Ce protocole de formation se déroule sur 8 semaines durant lesquelles les personnes s’initient à la pleine conscience. Différents exercices sont proposés, tels que le body scan corporel (rotation de conscience) à l’acte de manger en pleine conscience, des méditations sur les sons, etc. Aujourd’hui, la pleine conscience est sortie du cadre psychothérapeutique d’origine pour investir d’autres lieux, comme l’école et l’entreprise. Certaines expériences sont même menées en prison. Plus accessible aux occidentaux car toute notion de transcendance, de verticalité est écarté pour ne s’intéresser qu’au plan horizontal : observation des phénomènes, de la matière, des actes de vie ; la pleine conscience utilise notamment le corps comme support de la pratique, l’attention est portée sur les sensations, les perceptions, pour l’élargir à des actes quotidiens : manger, marcher, cuisiner.

Bibliographie

  • « Patanjali Yoga Sutra », Frans Moors

  • « Méditations tantriques », Swami Satyananda

  • « Introduction aux voies de Yoga » Tara Michael

  • « La méditaton m’a sauvé », Phakyab Rimpoché

  • « Cerveau et méditaton », Mathieu Ricard et Wolf Singer

  • « L'art de la méditaton » Mathieu Ricard

 

Archana


Les 108 noms et 1000 noms de la Mère Divine pour purifier l'atmosphère d’un lieu et son espace intérieur

 
 
 

La méditation: textes et citations


Méditer, ou faire le vide, faire silence, créer de l’espace, être en contact avec l’infini, c’est développer un état au-delà du connu pour ouvrir une porte vers une dimension inconnue de l’être.

Thich Nhat Hanh  

  • La meilleure façon de prendre soin du futur c'est de prendre soin de l'instant présent

  • Il y aura en pleine conscience, ralentir son pas et goûter chaque seconde et chaque respiration cela suffit

Matthieu Ricard

  • De même qu’il faut de la patience pour faire pousser une récolte – il ne sert à rien de tirer sur les plans pour les faire sortir plus vite ! -, la constance est indispensable à la pratique de la méditation. »

  • Nous pouvons entraîner notre esprit pour cultiver nos émotions positives, développer notre altruisme, notre lucidité, notre paix intérieure et notre amour, et la méditation est une voie royale pour cela. Cependant, améliorer notre esprit ne se fait pas en jour. Nous trouvons normal de passer des années à apprendre à marcher, lire, écrire, à acquérir des compétences professionnelles, à devenir meilleurs dans des activités aussi diverses que le sport ou l’art. Par quel miracle l’esprit échapperait-il à cette logique et pourrait-il se transformer instantanément et sans efforts ? Cela n’aurait pas plus de sens que de vouloir devenir champion de natation en nageant deux fois par mois. Nous dépensons beaucoup d’énergie pour améliorer les conditions extérieures de notre existence, mais finalement c’est toujours notre esprit qui fait l’expérience du monde et le traduit sous forme de bien-être ou de souffrance. Si nous transformons notre manière de percevoir les choses, nous transformons la qualité de notre vie. Et ce changement résulte d’un entraînement de l’esprit, qui est la méditation

Amma

  •  Ce mouvement incessant du mental nous cache la base stable et immobile sur laquelle repose l'existence, la nature réelle des choses. Ce mouvement est comme un brouillard qui entrave notre vision. Nous distinguons quelque chose, mais l'objet reste flou. Un nuage de pensées nous empêche de voir correctement. Lorsque le mental parvient à un état de calme et de silence, nous contemplons le fondement réel de l'existence - la Vérité. Les doutes s'évanouissent »

  • Le passé est un chèque annulé, le futur n’est pas entre nos mains, seul l’instant présent est chargé de vérité et d’énergie

Sri Aurobindo

La première chose requise est le calme dans le mental. De plus, la dissolution de la conscience personnelle n’est pas le premier but du yoga ; le premier but est d’ouvrir cette conscience à une conscience spirituelle supérieure, et pour cela aussi un mental calme est de première nécessité.

Quand on s’assoit les yeux clos pour faire le silence on est tout d’abord submergé par un torrent de pensées qui surgissent de partout. Il ne faut surtout pas commettre l’erreur de lutter contre le mental. Il faut déplacer le centre, par exemple en suivant sa respiration ou en se concentrant sur une image. Chacun sa méthode.

D'ordinaire, la conscience se répand partout, se disperse et court dans toutes les directions, après ce sujet-ci, après cet objet-là, inombrablement. Quand on veut faire quoi que ce soit de soutenu, la première chose à faire est de ramener à soi toute cette conscience dispersée et de se concentrer. Alors, si l'on regarde de près, la conscience est forcément concentrée en un seul endroit et sur une seule occupation, sujet ou objet — comme lorsque vous composez un poème ou qu'un botaniste étudie une fleur. La solitude et l'isolement au moment de la méditation, ainsi que l'immobilité du corps, peuvent être une aide et sont parfois presque indispensables au débutant. Mais on ne doit pas se laisser entraver par les conditions extérieures. L'habitude de méditer une fois prise, on devrait acquérir la capacité de le faire en toutes circonstances : allongé, assis, en marchant, seul, en compagnie, dans le silence ou dans le bruit, etc.

La première condition intérieure nécessaire est la concentration de la volonté contre les obstacles à la méditation : vagabondage du mental, oubli, sommeil, impatience physique et nerveuse, agitation. La deuxième est une pureté et un calme croissants de la conscience intérieure (citta) d'où s'élèvent la pensée et l’émotion : absence de réactions perturbatrices comme la colère, le chagrin, la dépression, l'inquiétude au sujet des incidents de ce monde. Perfection mentale et perfection morale sont toujours étroitement liées.

Sur quels objets ou quelles idées faut-il méditer ?

Sur tout ce qui s'accorde le mieux avec votre nature et vos aspirations les plus élevées. Mais si vous me demandez de répondre dans l'absolu, alors je dois dire que le Brahman est toujours le meilleur sujet de méditation ou de contemplation, et que l'idée sur laquelle le mental doit se fixer est celle de Dieu en tous, tous en Dieu et tous comme Dieu. Il nous faut percevoir le Brahman comme ce qui dépasse, contient et soutient toutes choses individuelles autant que l'univers entier, transcendant le Temps, l'Espace et la Causalité. Il nous faut également Le percevoir comme étant ce qui vit dans l'univers et le possède avec tout ce qu'il contient. 


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