Chandra Namaskar- La Salutation à la Lune
Se réconcilier avec le corps.
Savoir écouter les messages de notre corps – être conscient de nos sensations - observer de quoi nous nous nourrissons - se poser – être détendu – materner – s’adapter – accueillir les émotions – donner naissance - imaginer - rêver - sentir
La lune ou Chandra en sanskrit, en tant que satellite de la terre lui est intimement reliée et partage avec elle beaucoup de caractéristiques.
Alors que la terre concerne notre lien au vivant, à la terre, et nous rappelle l’évidence de notre dépendance au soleil, le soleil , astre de lumière symbolise l’esprit, la conscience.
La lune, son reflet dans la nuit, symbolise quant à elle la matière (prakriti en sanskrit). Elle régit les marées, la biologie des plantes, la qualité de nos humeurs pour certains. Elle est en connexion avec notre corps physique, nos besoins essentiels, nos émotions, la partie bébé qui sommeille en nous.
Honorer la lune c’est commencer à être pleinement conscient de nos besoins essentiels en terme de nourriture, de sommeil, de mouvements, de confort, de qualité relationnelle, épurés de toutes influences mentales.
Vivre et accepter le corps tel qu’il est dans l’instant, un espace limité et limitant, un lieu d’accueil des sensations, de contemplation des émotions qui le traversent, un chemin pour le prana (l’énergie cosmique), un espace limité et limitant car pour le yoga, nous sommes bien plus vastes que le corps physique.
Tout comme on réalise avec Prithivi Namaskar, que l’être humain ne peut vivre pleinement sans les dons de la terre (nourriture, eau, air, nature), de même le petit enfant ne peut se développer sans les soins de sa mère, qui laisse une empreinte sur le corps de l’enfant.
C’est pour cela que la Lune est associée à l’enveloppement, la présence et la douceur maternante, celle à l‘écoute des besoins précis du corps de son enfant.
Chandra Namaskar, la salutation à la lune, nous invite à être une véritable mère pour nous.
Nier cette réalité ou minimiser ce lien de dépendance, essayer de contrôler le vivant, c’est renoncer à la richesse et au mystère du corps incarné, se priver de toute sa magie et sa splendeur.
Le yogi ne cherche pas à dompter le vivant, à contraindre le corps comme une marâtre (la société, le mental, la négation de l’incarnation) mais à se dégager des injonctions du mental, de la société, de l’éducation. Il cherche à vivre une expérience qu’il choisit, décide et accepte.
Le yogi cherche la possibilité de vivre le corps comme la demeure de notre âme, un espace sacré, un temple.
Ce n’est pas forcément une attitude facile loin de là. Qui peut prétendre être réellement en lien avec son corps ?
Sommes-nous à son écoute ? ou influencé dans une très large mesure par une image formatée et véhiculée par notre famille, notre environnement, notre société, l’époque. Nous le souhaitons musclé, puissant, mince, vêtu d’or, de ceinture, de jupe ou de cravate, les cheveux teints, la peau lisse, blanche ou bronzée, maquillée, assimilant mal bouffe et produit toxiques, supportant le bruit, la pollution, l’agitation, et toutes les autres contraintes.
Est-ce une véritable demande du corps physique?
Notre alimentation est-elle instinctive, proche de nos besoins ou orientée par la publicité ou les étalages de rayon. Notre sexualité est-elle basée sur une réelle écoute de l’instant, des sensations, des besoins ou des normes, des fantasmes, des croyances?
Le plus difficile est de pouvoir mettre de côté la totalité de notre conditionnement, et de savoir distinguer entre les injonctions mentales et les véritables demandes du corps.
Notre capacité à reconnaître les besoins de notre corps nous permet de rester en bonne santé, Pour l’ayurvéda la maladie commence dans les corps plus subtils et elle est une réponse à une mauvaise distribution du prana dans le corps, dûe à un décalage entre la demande de l’être et la réponse apportée. La somatisation est le signal le plus dense qui révèle la réponse inadéquate, mais avant cela des signaux ont déjà été envoyés et probablement ignorés.
Lien terre/lune
L’engouement actuel pour le hatha-yoga est bien une demande de se réconcilier avec le corps, d’une manière saine, juste, équilibrée et le choix d’un chemin adapté à notre être global. Nous pouvons très vite nous apercevoir combien le respect de nous-même va de pair avec un respect de la vie : manger de bons aliments revient à respecter la terre en tant que support de notre alimentation, respirer un air sain ne peut être possible que dans un environnement pur, dans un environnement sain, c’est aussi s’interroger sur la manière de projeter notre environnement, il en va de même pour nos vêtements.
Yogi.ni sur le tapis
Accueillir les mouvements d’humeur (colère, découragement, absence, impatience), écouter avec attention les tensions et crispations, vivre les sensations (chaleur, transpiration, insensibilité, étirement, détente) en laissant de côté les pensées et les images est le seul moyen d’accéder à une nouvelle façon de vivre le corps.
Prenez le temps de sentir comment votre main touche votre jambe, quelle est la qualité du contact d’une partie du corps contre l’autre. Observez le rythme de vos mouvements, la fluidité. Progressivement ce travail minutieux et subtil permet de discriminer les sensations profondes du corps de celles créées par notre conditionnement, discriminer ce qu’on croit être de ce que l’on vit vraiment. Ceux qui ont pu découvrir cette richesse dans la pratique savent à quel point elle est une porte vers la liberté.
Notre capacité à reconnaître les besoins de notre corps nous permet de rester en bonne santé. Pour l’ayurvéda la maladie commence dans les corps plus subtils et elle est une réponse à un décalage entre les besoins et la réponse, elle est un moyen d’éviter les somatisations, pour ensuite dans un deuxième temps transcender et aller au-delà de la matière, aller au-delà de l’illusion du corps. Là encore, le respect de nous-même va de pair avec un respect de la vie : manger de bons aliments revient à respecter la terre en tant que support de notre alimentation, respirer un air sain dans un environnement sain c’est s’interroger sur la manière de projeter notre environnement, il en va de même pour nos vêtements…
Yogi.ni en dehors du tapis
La pleine conscience est l’amorce du changement sans effort.
Essayer d’être vrai et sincère, en observant votre rythme sur une année.
Quelles sont les contraintes que je fais vivre à mon corps physique?
Comparez les moments où vous vous sentez plutôt bien physiquement et les moments plus compliqués.
Essayez de déterminer ce qui semble une demande de sa part et ce que le mental lui impose en matière :
De sommeil
De nourriture
De mouvement
De charge de travail (physique, mental)
De stress
De sexualité
D’habillement
D’environnement
De nourriture autre que l’alimentation, comment est-ce que je nourris mes 5 sens?
Pour chacun des points cités, quel lien est-ce j’ai avec l’environnement, le respect de la terre?
Ce que disent les textes
L’âme une fois incarnée dans un corps est sous l’emprise des cinq sens, du mental, des émotions, cachée sous le voile de la maya, l’illusion cosmique. Mais tout comme lors d’un rêve, une partie de nous-même peut savoir qu’il rêve et revenir à l ‘état de veille, une partie de notre être (buddhi) peut à force de conscience, de méditation, de silence du mental, nous sortir du rêve dans lequel nous sommes plongés.
C’est ce que l’on appelle l’éveil.
Le raja yoga nous propose des outils pour expérimenter le changement, vivre avec un autre regard. Le détachement du corps ne se fait pas pour la plupart brusquement, il n’est ni le rejet ni la négation de celui-ci. Le chemin est souvent bien plus subtil, il commence par la pleine conscience de notre incarnation, de nos besoins, de nos conditionnements, par l’accueil et le respect profond de ce véhicule, puis progressivement la mise en place d’une discipline pour orienter toute notre énergie vers cet éveil. Le yogi choisira une nourriture végétarienne afin de sortir des passions ( violence), remplie de prana (d’énergie lumineuse ) pour avoir un mental clair, et cherchera à conserver sa vitalité grâce à des comportements sobres et heureux.
On peut alors comprendre pourquoi dans le hatha-yoga où le corps à une place centrale, tapas, l’expérience de l’austérité occupe une place importante.
Tout comme une personne malade va réorganiser ses habitudes de vie pour retrouver la santé, le yogi se sachant dans un rêve va procéder à des changements pour accéder à plus de liberté.
Ma Anandamayi disait « Ne lâchez que ce qui vous abandonne », le véritable lâcher -prise n’est pas un acte volontaire de rejet mais la conscience pleine et entière que ce qui est abandonné n’est plus utile à notre liberté.
Amma de la même manière nous dit, « lorsque l’arbre se déploie, il craque et explose la graine qui le contient, la graine n’est alors plus utile. »