Prithivi Namaskar - La salutation à la Terre
Le vocabulaire de la Terre
Prithivi Namaskar
पृथ्वी नमस्ते
La salutation à la Terre
Terre, lieu de l’incarnation dans le monde des sens et des formes.
Adjectif
Persévérant, résistant, solide, concret, économe, lent, naturel ou nature, stable.
Verbe
Toucher, sentir, avoir, se nourrir, modeler, conserver, nourrir, croître, conserver, s’installer, fabriquer, produire, s’approprier, travailler, féconder.
Excès
Possessivité, convoitise, matérialiste, boulimie des sens, insatiabilité, avidité, immobilisme.
Déficit
Manque de sensualité, déconnecté du corps, refus de la matière, énergie mentale prédominante, manque de rythme, agnostique, prévisible, hyper-matérialité, rancunier
Maîtrise
Bon contact avec ses besoins, jouissance et maîtrise des sens, plaisir d’être au monde, prospère, confiant, résistant, respect du vivant, douceur, présent à l’instant, excellente mémoire.
Dans la langue sanskrite PrithIvi est la terre et la déesse mère de l'hindouisme, elle est également appelée aussi Bhûmi (Bhû Devî ou Bhûmidevî)
Dans le Bhagavata Purana, la déesse Prithvi est représentée sous la forme d'une vache qui nous rappelle le signe du taureau dans l’astrologie occidentale. En Inde elle représente l'incarnation du monde et de tous les êtres :
Elle est symbole de vie, d’abondance, de calme, de douceur, de générosité divine, (son lait nourrit toute créature). Cette qualité « maternelle », réservée à la vache, est saluée comme la plus haute forme de don.
Citations et Enseignements
Carnet de pèlerinage, Swami Ramdas
« En vérité, la vache représente la Mère de l'univers et elle est un idéal pour tous ceux qui sont doux, purs, désintéressés et innocents. C'est la vache qui donne le lait dont l'homme tire la crème, le beurre et le ghee. Elle est la mère des taureaux qui tirent la charrue dans les champs pour la nourriture de l'homme. Ses bouses elles-mêmes sont très utiles comme combustibles ; là où il n'y a ni arbres ni forêts, il n'y a pas d'autre combustible que les pains de bouse de vache. Et, après sa mort naturelle, sa peau et ses os servent à faire des quantités de choses. Ô mère ! En vérité tu es vraiment Kâmadhenu (vache mythique qui exauce tous les désirs de celui qui la possède) ! »
Enseignements du Mahâtma Gandhi
Dans ses lettres à l'ashram, concernant la protection de la vache, le Mahatma Gandhi considérait qu'il s'agissait du devoir premier de tout hindou de défendre « Mère Vache », « poème de miséricorde » et symbole de toutes les vies faibles à protéger en ce monde. Pour lui, l'hindouisme ne peut continuer à exister uniquement si des hommes protègent et rendent un culte aux bovins ; car ce principe de protection de la vache n'est pas seulement valable mais une invitation à respecter sur la Terre entière.
La salutation à la Terre dans le contexte actuel nous renvoie à la dimension écologiste de l’Homme, comme seul responsable de la manipulation et de la réification du vivant.
Le Yogi, celui même qui maîtrise les sens, ne prend que le strict nécessaire pour atteindre le but de son incarnation. En agissant ainsi, il respecte toute forme de vie comme étant aussi précieuse que la sienne. Il évite d’engendrer la souffrance et entre en empathie avec le monde qu’il reconnaît comme Un. Ce qui peut paraître contre-nature ou inaccessible pour le profane est plutôt une façon d’accéder et de jouir de son étincelle divine.
Le Yogi pourrait se confondre avec l’épicurien qui pour atteindre un état de bonheur, une sérénité de l'esprit jouit des plaisirs naturels et nécessaires, et rejette la souffrance (la sienne ou celle de la vie) ou l’hédonisme dont les fondements philosophiques s’appuient une discipline personnelle, une connaissance de soi, du monde et des autres.
On peut aisément comprendre la démarche du yogi, celui qui cherche à retrouver l’unité ; et qui dans cette dynamique choisit la sobriété, le végétarisme, la gratitude à la Déesse-Terre dans tout ce qu’elle peut offrir ( de nourriture, de beauté, d’harmonie), l’hommage envers chaque étincelle de vie, expérience proposée comme manifestation du Divin.
Sur le plan symbolique
Si la salutation au soleil est un hommage à la lumière, la conscience qui nous habite, ce temps du Kali Yuga nous pousse à revenir à une donnée bien loin de nos préoccupations quotidiennes si nous sommes honnêtes, le respect de la nature…une nature sans laquelle nous ne sommes rien! Revenir à la nature , à la prise en compte de la puissance et de la lenteur du processus de vie, revenir au partage de ce qui appartient à tous les êtres incarnés : espace, eau, nourriture, la non-convoitise et la non appropriation du vivant, le refus de chosifier la vie pour nos seuls désirs égoïstes.
Il ne s’agit pas d’une position morale, mais du simple constat qu’ayant perdu le contact avec le vivant c’est notre propre corps que nous malmenons.
La structure de la salutation à la Terre
Cette salutation répond à plusieurs critères
*Développer le contact avec la Terre, sentir le lien en étant allongé au sol
*Comprendre la notion de poids et d’apesanteur
*Prendre soin de la colonne vertébrale (lieu de circulation de la Kundalini) grâce à des décharges partielles.
*Assouplir la colonne (une ou plusieurs parties) dans toutes les directions : flexion, extension, torsion (pas d’inclinaisons)
*Progressivement intégrer sans effort la notion de régularité entre l’inspiration et l’expiration.
*Sentir les différentes respirations (abdominale, costale) avec ou sans l’aide de l’apesanteur.
*Vivre une salutation, un enchaînement Vinyasa dans le calme et sans augmentation du rythme cardiaque.
*Travailler la notion d’enracinement en restant pleinement en contact avec les sensations du corps
Notion d’enracinement
L’enracinement est une façon de quitter le mental pour revenir au corps. Marcher pieds nus dans la forêt, sur les galets, sur le sable, dans la boue, éveille la sensation dans nos pieds, souvent coupés de la terre. Au quotidien sentir notre poids, l’effort pour soulever une jambe, un bras, sentir la chaleur ou le froid, sentir la langue dans la bouche, le contact du corps avec le sol (la matière).
Dans la pratique plus qu’une posture particulière c’est une attention portée au corps, son placement, ses sensations. Néanmoins on peut dire que les postures debout qui travaillent la force des jambes, des fessiers facilite l’ancrage. La lenteur favorise l’écoute des sensations.
Exercices
Ajouter une inclinaison de colonne à la salutation, et une variation sur l’une des postures