Nataraja Namaskar
L’épreuve initiatique
Force et développement
Capacité d’accueillir le changement – apprivoiser la mort – transformation – fin de cycle
Rompre les habitudes – remise en question – renaitre de ses cendres – faire face au vide -
Faire table rase – crise existentielle – initiation
Shiva fait partir des trois figures de la Trimurti indienne. La première Brahma, représente le la création, la seconde Vishnou la préservation et enfin la dernière Shiva la destruction ou la fin d’un cycle.
Nataraja, divinité du raja yoga est une forme de Shiva qui exécute la danse cosmique -Ananda Tandava- dans une auréole de feu, en équilibre au-dessus du démon Apasmara-Purusha symbole de l'ignorance.
La puissance phénoménale de la danse de Kali enivrée du sang des démons qu’Elle combat -menace l’existence même de l'univers, Shiva se jeta à ses pieds pour le sauver en amortissant cette terrible force apercevant son visage divin Kali se calma. Sous la forme de Nataraja la danse de Shiva représente le rythme de l'univers et les cycles de création et de destruction. Il porte dans une de ces mains droites le Damaru (tambour) qui fait trembler le monde et de la main gauche il détient une flamme qui brûle ce qui doit disparaitre:
Sur le plan symbolique Nataraja-Shiva est très proche de la planète Pluton porteuse d’une énergie qui balaye ce qui n’est plus vivant ; planète de l’alchimie, de la transformation du plomb en or, de la victoire sur la mort.
Vénérer Nataraja c’est aspirer au voyage initiatique qui nous entrainent au-delà de nos limites. Coupé du sol de nos croyances, à chaque instant en déséquilibre devant l’inconnu et l’inconnaissable, immobile face au vide, nous n’avons d’autres choix que de puiser dans nos ressources inexploitées jusqu’à ouvrir des possibilités inouïes de renouveau. L‘opération est profonde, faisant mourir des aspects de la personnalité en vue d’une renaissance. C’est un temps de deuils symboliques ou de séparations, une période parfois anxiogène qui met en lumière nos parts d’ombre, qui nous interroge sur nos peurs, notre pouvoir mais aussi sur notre impuissance et sur la mort, qui fait disparaitre le monde visible pour que naisse le monde invisible, alors le pratiquant face à lui-même qu’il ne reconnait plus s’ interroge sur le sens de la vie.
Vénérer Nataraja c’est demander à percer le mystère de la vie, à accueillir le cœur ouvert les cycles de naissance et de destruction, c’est accepter que tout est changement, c’est se libérer de notre regard étriqué sur le monde. Le bébé grandit, l’enfant devient adulte et l’adulte finit vieillard, même après la mort le corps continue de se transformer. Accepter cette réalité nous permet progressivement de laisser s’écouler des évènements sans regret du passé, sans attachement à ce qui nous abandonne.
Rendre hommage à Nataraja est une façon de nous préparer énergétiquement au bouleversement qui nous attend lorsque l’univers se chargera de nous confronter à la destruction de l’égo, qui de façon certaine n’aura pas la forme ou la tonalité auxquelles on pouvait s’attendre. Au plus profond de son être chaque yogi attend ce moment tout en le redoutant. Le travail du yoga est de préparer le corps, le cœur et le mental pour ce grand plongeon, de nous permettre d’accueillir cette force vertigineuse, déroutante pour recouvrer ce qui avait toujours été là, à disposition et à porter de main.
Structure de la salutation
Cette salutation défie la structure habituelle des salutations, c’est son rôle, elle nous invite à détrôner de nos habitudes à aller vers l’inconnu.
Elle commence avec un frappé de pied qui évoque le son du damaru, petit tambour que Shiva tient de sa main droite et dont les pulsations rythment la destruction et la création de l’Univers.
Puis dans la posture de Nataraja I dansant la main du dessous est en Abaya mudra le geste qui calme toute la peur et la main du haut la main gauche fait le geste de Gaja hasta mudra, le symbole du salut et de la libération. Le buste s’incline, une main se pose au sol et l’autre attrape la cheville arrière dans Nataraja II en torsion
S’ensuit 2 postures debout en torsion (guerrier et fente avant) qui symboliquement viennent couper les derniers liens au passé, puis dans un geste élégant et dansant, le pratiquant descend au sol dans la posture d’un demi-chaturanga, comme encore suspendu vers le ciel.
Vient la posture de Simhasana, bras tendu, genou au sol, les yeux tournés vers le 3ème œil, la langue retournée vers le palais mou, puis le chien qui entraine une fente avant pour revenir dans la posture de Nataraja avec le pied derrière le genou
Chaque posture sera suspendue avec une courte apnée poumons vide pour marquer la fin d’un cycle et un recommencement, à l’image de l’énergie de Shiva. Dans la posture du chien la suspension sera plus longue avec la tenue des trois bandhas, en revenant il est possible que le souffle soit court, le pratiquant revient d’un long voyage, éprouvant pour le corps et l’égo.